Normal Studio à l'appartement 50 / 2018
« NORMAL STUDIO à LâAPPARTEMENT N°50 »
du 15 juillet au 15 août 2018
Unité dâhabitation Le Corbusier, Appartement 50, 5ème rue,
280, boulevard Michelet - 13008 Marseille.
Drôle de cimaises que les murs dâun appartement siglé « Monument
historique ». Et singuliers rendez-vous que ceux distillés à la Cité radieuse,
à Marseille, un été sur deux, depuis 2008, entre un architecte moderne,
Le Corbusier, auteur du mythique édifice, et un designer contemporain.
Ladite « rencontre » a lieu en lâappartement n°50, classé en 1995, dans
lequel les propriétaires ont pris pour habitude dâinviter la crème des
créateurs actuels à investir, de leurs oeuvres, les 98 m2. Après Jasper
Morrison, Ronan et Erwan Bouroullec, Konstantin Grcic, Pierre Charpin
et Alessandro Mendini, câest au tour dâÃloi Chafaï et de Jean-François
Dingjian, alias Normal Studio, dây prendre leurs quartiers. Une invitation ô
combien originale, car il sâagit de disposer des pièces dans un espace qui
est un lieu de vie et qui le restera dâailleurs, durant toute la durée
de lâexposition. Libre au(x) designer(s)-invité(s), en revanche, de disposer
leur production où bon leur semble.
Normal Studio a donc conservé ou retiré quelques meubles ou
équipements existants, puis disposé une trentaine de ses créations,
esquissant un dialogue avec lâenvironnement moderniste. « Nous avons
lâhabitude de voir nos pièces dans des lieux de grandes dimensions,
comme notre atelier ou une usine, observent les deux designers.
Câest donc lâune des rares fois où lâon peut contempler un ensemble
conséquent de nos projets réunis à lâéchelle domestique ». On trouve à la
fois des produits de grande série, dont des pièces non encore montrées
en France âtels la chaise et le fauteuil Tresseâ, des prototypes, des pièces
uniques âtelle la lampe Ready Madeâ, ainsi que des recherches plus
expérimentales, le tout datant dâune dizaine dâannées à aujourdâhui.
Pour la première fois également, est montrée une série de luminaires
conçue au Centre international de recherche sur le verre et les arts
plastiques (CIRVA), à Marseille.
« De prime abord, lâappartement peut paraître physiquement fermé,
or il est, en réalité, très en lien avec le paysage extérieur et largement
ouvert sur le ciel ». Sur la terrasse, entre autres, dans une petite niche
couleur terre de sienne, un miroir Mimic fait ainsi écho à cette réflexion.
« La Cité radieuse est un bâtiment expérimental, or cette dimension
expérimentale est une dimension chère à notre studio ». Dâoù la présence
de plusieurs travaux de recherche, notamment autour du béton. « Chez
Le Corbusier, ce matériau était un thème primordial. Sâil lâa travaillé à
lâéchelle de lâarchitecture, dans une dimension plus brutaliste, nous nous
lâemployons dans une dimension plus domestique, moulé dans du papier
ou du textile, ce qui lui confère un aspect plus léger ». En témoignent les
tables Strat ou le panneau Delicate, aux subtils motifs.
Si la variété des pièces est de mise, il est pourtant un registre qui prime :
« Nous nous sommes aperçus, à la fin de lâaccrochage, quâil y avait,
en fait, beaucoup de luminaires, si bien que lâinstallation génère deux
ambiances bien différentes : lorsque lâappartement est baigné de lumière
naturelle, et lorsque, à la tombée du jour, les multiples points lumineux
prennent le relais ». Dans les deux cas, le visiteur sera comblé.
Christian Simenc